Temps

Le Temps

Trier, repérer, choisir ce que l’actualité nous propose, c’est devenir témoin de son époque… Mais avec le temps, le filtre déformant de la mémoire métamorphose ce qu’on a retenu du journal en une "création personnelle abstraite" : comme dans les journaglyphes d’Yves Ledent où les arrachages, les interstices et les flaques de couleur modifient les apparences.
Les souvenirs restent, s’effacent, ressuscitent, toujours différents, toujours semblables. Détruire pour reconstruire, décaler pour créer. Notre mémoire est à la fois sollicitée et déjouée : pour se souvenir, il faut oublier !

L’empreinte de l’artiste

Toute œuvre, avant même de représenter quelque chose, est d’abord une construction née du geste de l’artiste. La tradition a toujours exigé que le spectateur n’ait jamais conscience du temps d’élaboration et du travail préalablement fournis, il n’a que la vision d’une œuvre lisse qu’il pense réaliser spontanément.

Jusqu'à la fin du XIXème siècle, la conception d’un tableau suppose toute une série de phases préparatoires : l’esquisse, les croquis, l’étude pour enfin arriver à l’œuvre définitive .

A partir du XIXème et durant tout le XXème siècle, le processus de création devient visible, parfois même revendiqué. Ce qui était autrefois considéré comme imperfection ou simple ébauche devient partie intégrante de l’œuvre.

Yves Ledent s’inscrit dans cette optique. Tous les jours, il sélectionne une photo parfois accompagnée d’un court texte qu’il arrache avec de l’adhésif et utilise comme matière première.

Les lanières obtenues portent la trace de son geste méthodique et sont regroupées par carré. Chaque carré correspond à un numéro de journal. Un rituel quotidien qu’il pratique depuis plusieurs années.