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Papier, magazines, canettes rouillées, Jean Emile Collon exploite des objets simples, faciles à trouver pour en faire de véritables « atavismes psychédéliques crépusculaires ». Il remplit ses miniatures de morceaux de papier minutieusement découpés, choisis, pour leur donner une autre dimension. Assembler les couleurs souvent les plus primaires, en se laissant guider par une voix... sur des formats miniatures la plupart du temps, ou un peu plus grands. Digitaux aussi parfois, puisque Jean-Emile Collon explore l'expérience fascinante du collage digital, de la déformation, de la transformation des couleurs, des formes, petit à petit. Comme pour regarder ses ouvres évoluer avec le temps. Un chaos de vulgaires morceaux de papier que nous regardons habituellement sans nous attarder et qui pourtant retiennent notre attention sur les collages de l'artiste. Beauté, profondeur, chaos pourtant parfaitement construit, que doit-on comprendre de ces ouvres et comment l'artiste s'y prend-t-il pour nous faire voir autrement des choses complètement banales ?

Technique du Cut-up

Jean-Emile Collon utilise la technique du Cut-up, cette manière de composer à partir d'ouvres originales, déjà existantes. Ainsi, il feuillette ses magazines, choisit des couleurs, des éléments qui lui parlent, puis les pose dans une corbeille jusqu'à l'heure de l'assemblage.

Cette « envie soudaine » où l'artiste sent que son « aide » est là, qu'il doit coller. Et il colle puis attend, patient, que l'ouvre se construise de manière autonome. Il se sent guidé, comme si le collage final était le rapport d'un échange entre lui et une force qui le dépasse, car une fois cette « aide » partie, il n'arrive plus à continuer. La démarche de l'artiste veut nous montrer ici qu'à l'origine l'ouvre n'est pas conçue pour avoir un sens, c'est à nous de le lui donner.

Il s'y prend de la même façon avec ces canettes qu'il ramasse sur les parkings de supermarché. Il les découpe, les assemble, leur donne une beauté qu'elles avaient perdu puisqu'elles allaient rouiller dans la nature. Et même cette rouille, Jean-Emile l'exploite car ses ouvres évoluent. Il dit d'ailleurs se sentir en quelque sorte « obligé » de poursuivre cette évolution. Comme pour montrer à travers ses collages une nouvelle forme de vie, et une vie qui évolue comme la nôtre. Vers un néant, un chaos.

Le chaos

Le chaos est omniprésent dans les ouvres de Jean-Emile Collon. Cette méthode souvent retrouvée dans l'Art Pictural, lui apparaît réellement comme le moyen d'exprimer métaphoriquement le bouleversement qui a affecté son monde suite à l'ouragan dévastateur de 1987 qui a rasé sa maison, sa vie. En d'autre terme, il n'est pas étonnant que Jean-Emile Collon utilise le cut-up, qualifié comme étant une exploration de l'inconscient et de le voir décrire ses ouvres comme psychédéliques alors que le psychédélisme est un révélateur de l'âme.

Cette « envie soudaine » est pour lui le moyen de « rassembler les morceaux », protéger et conserver la vie. Elle illustre également la vie telle qu'il la conçoit : pleine de coupures, d'arrêts, de failles mais aussi de couleurs et de rythmes. Tels des labyrinthes déconstruits. Restructurés par le chaos.